Neutraliser le tampon alcalin d’un papier pour procédés alternatifs

Préparer ses papiers avant tirage : méthode, matériel et conseils

Quand on débute dans les procédés alternatifs, on se rend vite compte que tous les papiers ne se valent pas. Beaucoup de papiers beaux-arts modernes (presques tous, exceptés le Arches Platine, le hahnemuhle Platinum Rag et le Bergger Cot) contiennent un tampon alcalin, le plus souvent du carbonate de calcium, ajouté par les fabricants pour améliorer la conservation. C’est une excellente chose pour un dessin ou une gravure : le papier vieillit mieux, jaunit moins et se dégrade moins vite. Mais pour la photographie ancienne, ce tampon est souvent une véritable épine dans le pied.

Un papier trop alcalin perturbe les réactions chimiques. Ce qui protège le papier contre le temps travaille ici contre nous.

Plutôt que de bannir définitivement ces papiers, il est possible de les « préparer » en neutralisant leur tampon alcalin grâce à un bain d’acide léger. Je le fais régulièrement lorsque je tombe sur un papier dont la texture ou la teinte me séduisent, mais qui réagit mal avec mes chimies. C’est un petit détour technique, mais qui peut transformer un papier inutilisable en un support parfaitement exploitable.

Matériel nécessaire

La préparation est simple, mais elle demande un minimum de rigueur. Voici ce que j’utilise dans l’atelier :

• Une bassine ou un bac de lavage suffisamment grand pour immerger les feuilles.

• De l’acide citrique en poudre ou de l'acide oxalique

• Une balance

• De l’eau déminéralisée (idéalement), ou à défaut de l’eau du robinet si elle n’est pas trop dure.

• Des gants de protection et, si possible, des lunettes de sécurité.

• Un espace bien ventilé.

• Des planches, grilles ou buvards pour faire sécher les feuilles à plat.

La méthode

1. Dans une bassine, dissoudre 20 g d’acide oxalique dans 1 litre d’eau, ce qui donne une solution à 2 %.

2. immerger les feuilles une à une, en s’assurant qu’elles soient bien couvertes par la solution. Laisser tremper environ 5 minutes. Ne pas surcharger la cuvette.

3. Rincer minutieusement. C’est une étape essentielle. Egoutter les feuilles puis les plogner dans un bac d'eau claire. Renouveler l'eau au moins trois fois avec au moins 3 minutes d'immersion par bain. Ou utiliser un bac de rincage avec renouvellement d'eau en continu pendant 10 minutes. Le but est d’éliminer toute trace d’acide résiduel qui pourrait, lui aussi, perturber les réactions chimiques lors du tirage. Finir par un rinçage à l'eau déminéralisée.

4. Egoutter puis faire sécher les feuilles suspendues, ou à plat sur des grilles ou entre des buvards. Quand j’ai besoin que le papier reste bien plan, je le place sous presse une fois qu’il est presque sec. Cela évite le gondolage, surtout sur les grammages plus légers.

Ce traitement rend les papiers plus compatibles avec les procédés alternatifs, mais il n’est pas neutre. Il arrive que la teinte du papier change légèrement, que le grain s’ouvre un peu, ou que la surface perde en texture ou en lissé.